VI3S
" les gens ont l'air de danser avant d'aimer "
Jenny Holzer
Une danse qui ferait signe à chacun.
Signe de reconnaissance qui rend immédiatement accessibles les
corps, les lieux, les mots.
Il s'agit d'associer des mots aux mouvements des corps. De faire naître
des images et des sensations intimes par le rapprochement, d'éléments
dissociés comme la couleur, la forme, le son, l'objet, le mot
et le corps.
D'amener le regard vers ce territoire qui rassemble ce qui est épars,
ce qui est l'histoire : le mouvement comme matière d'exposition.
Le nom de l'objet, l'objet du corps et le corps du nom.
C'est à partir d'une architecture mobile que la composition chorégraphique
se déploiera, laissant aux danseurs les élans et les suspensions
de l'improvisation.
Chaque proposition sera accompagnée par un musicien différent
pour cette improvisation immédiate, partagée.
VI3S, c'est donner à voir ce qui est de l'instant, du présent
de la perception et de la relation ; du poème dansé.
Parallèlement, il y a le désir de transmettre des matières
et des espaces traversés par les trois danseurs.
Un temps de transmission sera proposé à un public amateur
ou professionnel de la ville qui accueille le spectacle pour une présentation
publique commune.
conception clara cornil, christophe
le blay, thierry thieû niang,
scénographie et costumes, mahi grand,
régie générale, stéphane simonet
avec les musiciens
catherine delaunay, lori freedman, clarinettes
;
tatiana mladenovitch, danielle p. roger,
alain ginter, batterie ;
pierre badaroux bessalel, nicholas caloia,
nick evans, achim tang, klaus janek, contrebasse
production :
cie thierry thieû niang ; association culturelle du théâtre
de l'olivier, istres ; théâtre d'evreux / scène
nationale ; ville de chaumont
projet chorégraphique subventionné
par le ministère de la culture et de la communication - drac
provence -alpes-côte d'azur
avec le soutien du conseil général
des bouches du rhône, la région PACA, l'ADAMI, le théâtre
de la minoterie à marseille, le théâtre saragosse
à pau et le centre de développement chorégraphique
d'uzès et languedoc-roussillon
IN
ENGLISH
|
|
Garder envie
Thierry Thieû Niang
Ne pas se laisser dérouter par l'apparence « à la
mode » du propos, les lumières pauvres, le dispositif de
caissons lumineux, la présence du musicien. S'attacher d¹abord
à l'essentiel, ils sont là, trois qui dansent avec un
plaisir extraordinaire. Et cette jubilation est, en soi, suffisante.
Comme dans What a day ! (1999) et son charme de fête baba-cool
comme on en osait plus, Thierry Thieû Niang est d'abord un chorégraphe
qui aime à bouger. Or VI3S bouge beaucoup. Dans tous les sens,
chacun son tour, en dehors du cadre, loin et presque hors de vue. Mais
en même temps, même décalés, ils restent ensemble,
obstinément jubilant. Comme l'enjeu est de chercher une nouvelle
rencontre chaque soir, l'improvisation est reine mais les structures
sont là, bien en place, et la virtuosité délicate
(le travail de fluidité au sol ferait passer un chat pour un
infirme du mouvement).
Et il y a la musique. C'est sûrement l'élément le
plus curieux de ce projet. Pour chaque représentation, le lieu
accueillant la pièce propose un interprète, batteur, clarinettiste
ou contrebassiste. Ce dernier rencontre les danseurs en quelques heures
et le soir, sans filet, tout le monde se lance. Pari sans filet. On
retiendrait volontiers Klaus Janek de façon définitive
tant le berlinois fut exceptionnel d'implication, d'inventivité
et d¹écoute mais le jeu est aussi dans le courage de ne
pas se satisfaire d'une seule rencontre, si belle soit-elle.
Relancée par le musicien comme une toupie par un enfant farouche,
la danse éclate, va chercher tous les espaces disponibles, s'engage
dans une exploration de ce qui fait la magie de la représentation.
L'espace conquis, même loin du focus (ce fameux champ de vision)
est la justification même du propos : aller chercher le fragile
et la vie de la représentation où qu'elle se trouve. Le
plaisir de danser et d'être en scène est tellement patent
qu'il est alors facile de dire où se trouve la danse : juste
à ce point géométrique de la rencontre des quatre
interprètes. Toujours changeant donc, vivant, mais aussi si simple.
bancs d'essai internationaux 2002,
philippe verrièle
|